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 La fibre solidaire
Quand les vêtements élimés se muent en meubles ultra design, c’est que le Relais Val-de-Seine est passé par là. L’entreprise vient de trouver un nouveau débouché pour ses frusques usagées : le floc, un matériau 100% récup’ qui rhabille la déco.
Le Relais vous connaissez ? Ce sont ces 13 000 conteneurs répartis dans toute la France qui récupèrent chaque année 80 000 tonnes de textiles, que des personnes en insertion trient et valorisent.
En 30 ans, 1800 emplois ont ainsi pu être créés. Que deviennent nos jupes et nos vestons une fois jetés dans les bacs ? 6% sont réemployés pour être vendus en l’état dans les Ding Fring, les boutiques de vêtements seconde main de la maison. 45% partent à l’export. 10% sont recyclés en chiffons, 25% sont carrément défibrés pour entrer dans la composition de l’isolant Métisse ou, depuis l’an passé, pour servir de base au flocage, dernière innovation du Relais. « Les chutes de tissus sont broyées en tous petits morceaux, explique Lucie Contet, responsable du projet flocage au Relais Val-de-Seine. On les passe à la teinture, on leur fait subir un traitement électrostatique pour qu’ils puissent se fixer sur tous les matériaux de façon homogène. Et on les pulvérise ensuite à l’aide d’un pistolet sur n’importe quel objet. Résultat, on obtient une sorte de velours qui sublime la chaise en plastique la plus basique. »
Renaissance programmée
L’idée est venue de Cyrille Candas, une designer engagée. « Depuis quelques années la qualité de la confection ne cesse de chuter, confrontant cette structure à des problèmes économiques et environnementaux. C’est dans ce contexte que j’ai proposé au Relais un axe de valorisation qui puisse être pérenne : le développement d’une activité de flocage. » Le Centre Francilien de l’Innovation a accompagné l’entreprise d’insertion rour mettre au point ce nouveau procédé et étudier la faisabilité du projet. Relais Val-de-Seine a bénéficié de l’Aide à l’Innovation Responsable (AIR) mise en place par la Région Île-de-France. «Nous avons réalisé une série de tests sur les meubles récupérés au sein des communautés Emmaüs. Nous avons affiné chaque semaine un peu plus la technique pour que le flocage sèche bien, ne s’effrite pas et résiste au temps.»
En compléments des essais techniques, Cyrille s’est chargée de trouver parmi les meubles et les objets récupérés chez Emmaüs, ceux qui ne trouvent pas de débouchés. Chaises de jardin jaunies, suspensions en bois, cadres improbables : la designer fait son marché et propose une ligne à customiser. La ligne « b-a, ba » est née.
A l’automne 2011, les chaises de jardin, les guéridons et les luminaires affichent des couleurs flashy et sont présentés au VIA, sous le viaduc des arts à Paris. Mille pièces sont alors vendues.
Aujourd’hui, le « b-a, ba » doit encore franchir une nouvelle étape. «Nous allons investir dans une cabine de flocage pour réaliser cette transformation en interne et créer des emplois. L’insertion est notre vocation première au Relais,» précise Lucie Contet.
Avec cette cabine installée à Tourcoing, l’entreprise espère créer 1,5 emploi, un temps plein pour la partie technique et un mi-temps pour le commercial.
Où seront vendus les objets floqués ? « Rien n’est encore décidé. Mais il est probable qu’ils soient présentés sur le net avant la fin de l’année.» Quand l’insertion tisse sa toile.
Relais Val de Seine en bref :
• L’année de création 1994
• Les Coordonnées
Ecoparc des Cettons Secteur 1 Jaune
15, rue Panhard Levassor 78570 CHANTELOUP-LES-VIGNES
Tél. : 33 (1) 39 74 85 85
• Le Site internet www.lerelais.org
• L’équipe dirigeante Jean François LUTHUN,
Exergue
«Ce projet valorise non seulement les vêtements usagés mais aussi les meubles qui ne trouvent pas de débouchés. Grâce au flocage, la filière de valorisation est optimisée»
Lucie Contet, chargée de mission R&D |
