CANIBAL Cannibalisme écologique |
Photographie : Youval MICENMACHER / © Centre Francilien de l'Innovation Recycler sa bouteille de Perrier ou sa canette de Coca peut être ludique, pratique et même lucratif. La preuve avec Canibal, le premier collecteur d’emballage boissons. Il trône là, près du distributeur automatique, en attendant qu’on le nourrisse d’une canette, d’une bouteille plastique ou d’un gobelet. Son nom de code ? Canibal, un nouvel appareil qui, de loin ressemble à un distributeur de boissons et de près à une machine à sous. En réalité, Canibal est une poubelle de tri moderne et innovante spécialisée dans les déchets nomades : canettes, bouteilles et gobelets en plastique. La machine située dans les lieux publics, les ingurgite et gratifie ses gentils éco-citoyens d’un petit cadeau. Pas à tous les coups, seulement si le jackpot qu’elle fait tourner sous leurs yeux affiche la même image. Les heureux gagnants peuvent alors choisir sur l’écran entre différents bons de réduction valables dans les principales enseignes que nous fréquentons quotidiennement… Les plus généreux peuvent même décider de renoncer à leurs présents et de reverser 1 à 2 centimes à une Fondation qui milite pour la planète. Faites vos jeux« On peut penser que ce système de récompense est superflu, explique Stéphane Marrapodi, l’un des associés de la société Canibal qui commercialise la machine. Mais nous avons remarqué que le fait de coupler le jeu avec l’acte de tri augmente considérablement le geste citoyen. » D’ailleurs, dans les 150 universités où la première version de la machine est installée, les étudiants adorent. « C’est un vrai succès, Canibal nous amène plein de monde », témoigne Anne au BDE ESC de Lille. « Avec une copine, on fait même les poubelles pour récupérer les canettes vides et jouer », ajoute Caroline étudiante à Lyon III. Les résultats du cabinet Sequovia agréé par l’Ademe confirme les intuitions : Canibal multiplie par 2 la proportion des déchets recyclés. Cannibale mais pas carbonivore Au-delà du côté Casino, Canibal joue aussi sa partition écologique. La version 2, présentée en septembre prochain permettra de récupérer et recycler les canettes acier et alu, les petites bouteilles plastiques PET clair et foncé et, grande première, les gobelets à café PS et PP (2 sortes de plastiques différents) grands absents des centres de tri. Une fois sortis des entrailles de la machine, les emballages déjà triés et compactés partiront directement dans les centres de traitement idoines et pourront être revalorisés. « Nous avons pour chaque matière identifié les partenaires régionaux capables de nous garantir cette étape de transformation, explique Stéphane. Ce qui nous permet de limiter les trajets et de réduire l’empreinte carbone de la machine ». Car il n’est pas question que Canibal se goinfre en CO2. Tout est prévu pour limiter son empreinte écologique. Comme le système GPRS, une connexion téléphonique reliée à un central capable de donner en temps réel le taux de remplissage de la machine et de limiter les interventions des équipes logistiques. Ou sa conception confiée à des ingénieurs des Arts et métiers Paris Tech (validée par l’Ademe, financée en partie par la Région Ile-de-France et accompagnée par le Centre Francilien de l’Innovation) qui puise dans les matériaux de seconde main ou facilement recyclables. Résultat : le Canibal est responsable ! Les émissions de CO2 dues à la collecte sont compensées plus de 12 fois par les émissions évitées grâce au recyclage. Et dès la première année, le recyclage des emballages qu’il collecte amortit l’impact environnemental de sa fabrication et de son usage sur 10 ans. L’objectif ? Il est simple. Installer 1 000 machines dans les deux prochaines années. |